Samedi 3 février 2018, Toulouse
Une association de transcripteurs
Chronologie de la création de l’association
2003-2005 : Entrée en fonction et formation FISAF de transcripteur adaptateur. Constat : manque de lien entre transcripteurs des différents services, malgré l’expression d’un grand besoin de mutualisation. Aucun dispositif pour favoriser les échanges et rompre l’isolement des transcripteurs.
2013 : Échange de mails entre transcripteurs rencontrés au cours d’une formation, décision de maintenir le contact pour s’entraider. Augmentation rapide du groupe, échanges professionnels entre nombreux services de France, et même de Belgique et Suisse (exclusivement inclusion scolaire) : parta
2015 : Formalisation du Google Group des transcripteurs pour gérer l’accroissement du nombre d’échanges (40 membres en 2015, 80 en 2018)
2016 : Réflexion au sujet d’une association pour fédérer tous les transcripteurs, à titre individuel
2017 : Création de l’association ATAF par 5 transcripteurs-adaptateurs. (15 adhérents en 2017)
2018 : Première Journée des transcripteurs ATAF et AGO de l’association. (1 dizaine de participants)
Pourquoi ?
Les transcripteurs-adaptateurs souhaitent valoriser leur expertise professionnelle, tant dans les établissements médico-sociaux qu’auprès des instances nationales. Ils espèrent ainsi apporter leur expérience unique des réalités du terrain pour participer activement à la mutation du métier et accompagner les nombreuses évolutions technologiques et légales actuellement à l’œuvre dans le secteur de l’édition adaptée.
La constitution d’une association permet de fédérer des transcripteurs-adaptateurs très dispersés géographiquement, pour leur offrir la possibilité, à terme, d’être reconnus et représentés dans des instances où ils ne figurent pas pour l’instant, alors qu’elles peuvent influer sur leur pratique professionnelle. La spécificité des adaptations quotidiennes dans le domaine scolaire pourrait alors être mieux identifiée et expliquée aux décideurs et aux différents acteurs, comme les éditeurs, qui sont justement en recherche d’informations pour mettre en place l’édition nativement accessible des romans et manuels scolaires.
Comment ?
L’association offre aux transcripteurs-adaptateurs un nouvel espace de réflexion pour des échanges autour de leur métier, avec une logique différente de celle du quotidien… Plusieurs outils d’échanges seront développés en 2018.
Dans ce cadre, après une collecte de sujets d’intérêt parmi nos collègues, nous avons décidé de produire collectivement des documents de référence, évolutifs, pour centraliser l’information, aider les transcripteurs-adaptateurs et affirmer leur expertise. Tous les volontaires pour participer à l’élaboration de ces dossiers thématiques seront bienvenus, afin de mutualiser les compétences et de partager l’investissement, que les membres du Comité directeur ne peuvent assumer seuls. Ce travail devrait aussi permettre à l’association de motiver des adhésions et de gagner en visibilité.
Dossiers thématiques publiés par ATAF :
http://sitewp.transcripteur.fr/category/publications-ataf/
Besoins et attentes
Exprimés :
- par mail en décembre / janvier
- par les transcripteurs présents
État des lieux des services de transcription
Buts :
- rassembler l’information, connaitre toutes les modalités du travail, qui peuvent être très différentes selon les établissements, associations, etc.
- favoriser éventuellement l’évolution par la connaissance de ce que font les autres
Domaines :
- organisation du travail
- outils de comptabilisation / valorisation de l’activité (paiement à l’acte, décompte du temps, du nombre de pages…)
- télétravail
Conditions de travail
Sécurité
Nombreuses interrogations sur la sécurité, notamment pour l’utilisation du papier thermogonflable Zytex, très souvent évoqué dans la collecte.
De nombreux centres traitent cette question, mais les solutions adoptées sont différentes, il parait nécessaire de rassembler toutes les données pour avoir une vision globale de la situation. Cas typique de dossier thématique indispensable. À traiter également : thermoformage (de moins en moins utilisé mais toujours présent), impression 3D, découpe laser…
Le regroupement de toutes les données et leur publication permettra également à l’association d’être reconnue comme un interlocuteur responsable, à qui les directions pourront s’adresser en cas de besoin, et à qui elles pourront transmettre des documents importants sans craindre pour la confidentialité, alors que ce n’est pas forcément le cas pour des demandes individuelles.
Conventions collectives
Un rapide tour de table a permis d’établir que la plupart des transcripteurs-adaptateurs présents, travaillant en établissements médico-sociaux, relèvent de la CC66.
Exceptions : fonction publique et convention collective de l’édition, au poste de lecteur-correcteur, puisque le poste de transcripteur n’est pas prévu !
La CC66 n’est pas du tout interprétée de la même manière dans tous les établissements puisque les transcripteurs n’ont pas droit au même nombre de jours trimestriels partout : ça va de 9 à 18 par an. Les transcripteurs non diplômés ne sont pas non plus positionnés systématiquement sur la même grille de salaire.
Une collecte d’informations auprès de tous les transcripteurs permettrait sans doute aux moins favorisés de trouver des arguments pour tenter de négocier une amélioration… On peut essayer, grâce au poids de l’association, de rompre l’isolement pour s’appuyer sur des exemples concrets et favoriser l’adoption du traitement le plus favorable partout.
Il faudra également étudier les autres conventions collectives utilisées en dehors du médico-social, qui pour la plupart ne prévoient pas de transcripteurs…
Mutualisation
La mutualisation est primordiale, pour éviter de refaire l’existant, et gagner du temps pour traiter plus de documents ou développer d’autres activités. Elle pose le problème de l’uniformisation des adaptations… Mais même s’il faut le modifier pour l’améliorer, un fichier déjà traité permet toujours d’éviter du travail superflu, ce qui n’est pas un luxe quand on observe l’augmentation croissante du nombre de demandes d’adaptations dans nos services.
Mutualisation des adaptations
Il existe déjà de nombreuses banques de données et outils de partage plus ou moins concurrentes pour les manuels scolaires, les romans, les DER…. Bien que cette situation ne soit pas très satisfaisante pour ceux qui doivent les consulter quotidiennement et qui espèrent une certaine centralisation, historiquement on comprend la présence de ces dispositifs, qui répondaient tous à des missions précises. Aujourd’hui, ajouter un dispositif supplémentaire parait injustifié et plutôt contreproductif, ce n’est pas la mission de l’association.
En revanche l’association peut lister toutes les ressources connues, pour regrouper toutes les références, à l’intention des transcripteurs, des usagers et du grand public.
On peut aussi envisager de créer un moyen simplifié d’interroger toutes les bases de données en même temps, à partir d’un ISBN, d’un mot-clé, etc. pour traiter tous les domaines possibles, du manuel scolaire à la carte de géographie indépendante, avec un outil unique. La plupart des grandes associations sont impliquées dans l’un ou l’autre des dispositifs déjà existants, et souhaitent privilégier leurs outils. Elles ont une vision partiale de cette situation, et sont moins au courant de notre réalité de travail quotidienne. L’association des transcripteurs-adaptateurs est donc bien placée pour mener ce projet. Les modalités seront à imaginer ultérieurement, il faut d’abord évaluer la faisabilité de cet outil.
Mutualisation des nouvelles technologies
Dans le domaine des nouvelles technologies, la mutualisation répond à deux besoins distincts :
- information au sujet des avancées effectuées par les « pionniers »
- partage des créations et des techniques pour éviter de réinventer les mêmes choses
L’activité des S3AIS étant entièrement financée par des fonds publics, on peut penser que les fichiers créés peuvent et même doivent être partagés pour profiter au plus grand nombre. Le partage peut aussi valoriser la recherche et l’invention, en considérant qu’il apporte une reconnaissance à l’auteur (transcripteur + établissement).
Ces nouvelles technologies sont en train de devenir des outils quotidiens pour les services de transcription, car dans les établissements les transcripteurs-adaptateurs sont souvent les plus à même de les maitriser et de les combiner avec leur expertise de l’adaptation pour réaliser des outils pédagogiques innovants.
Lieu de rencontre et participation à distance
Il faut trouver des solutions plus solides techniquement pour envisager de généraliser la participation à distance pendant les Journées des transcripteurs ou les Assemblées générales. Ce week-end, le test avec une seule participante par Skype ne s’est pas avéré concluant. Le Comité directeur se réunit systématiquement par Skype, sauf occasions exceptionnelles (colloques, etc.) et ce n’est pas vraiment merveilleux, même s’il n’y a pas d’alternative, compte-tenu de l’éloignement géographique. Les liaisons ne sont pas fiables, les communications sont souvent perturbées.
Pour la prochaine fois, nous espérons trouver des moyens techniques plus probants.
La localisation de ces Journées des transcripteurs a fait l’objet d’une longue réflexion, dont la conclusion était sans appel : il est impossible de trouver un lieu favorable en même temps à tous les transcripteurs car ils sont disséminés dans toute la France ! Nous avons donc choisi le mode itinérant, et le lieu de la rencontre annuelle changera chaque année. Pour compenser l’éloignement, nous avons trouvé un hébergement très peu couteux et l’association a pris en charge les repas de midi.
L’association vise clairement un investissement personnel des transcripteurs qu’elle représente à titre individuel et non professionnel, et organisera ces journées d’échange pour qu’elles soient accessibles pour tous hors du cadre de travail. Les membres de l’association ne peuvent prétendre représenter leur établissement employeur, quel qu’il soit, au sein de l’association.
La périodicité annuelle des Journées des transcripteurs nous semble opportune, à cause de l’éloignement qui nécessite des moyens importants (déplacement, logement, etc.) et parce que pour un groupe restreint, l’organisation représente une très grosse charge de travail. Le Comité directeur espère d’ailleurs que de nouveaux membres pourront s’investir, chacun selon ses envies et ses disponibilités, pour répartir cette charge de travail et renouveler les idées…
Place des professionnels de l’édition adaptée
Place des transcripteurs dans le monde de la DV
Dans les établissements
Le métier de transcripteur-adaptateur est relativement méconnu, y compris au sein des établissements médico-sociaux qui les emploient pour la plupart… On peut le remarquer facilement à l’occasion des recrutements, lorsque l’on constate que les profils recherchés et les descriptions de postes sont très éloignés de la pratique quotidienne des transcripteurs déjà en activité ! On trouve des rapprochements avec la traduction, l’infographie, la couture, le secrétariat…
La valorisation de des compétences spécifiques des transcripteurs et de leur expertise n’est pas exactement acquise partout. Les autres professionnels de la DV imaginent encore trop souvent que la transcription est une opération automatique, presque magique, sans tenir compte de l’adaptation pédagogique particulière qui permet aux documents transcrits d’être utilisables par les usagers.
Même lorsque le travail de production de documents adaptés pour l’inclusion scolaire est bien reconnu, on oublie de faire appel aux transcripteurs pour les documents internes, la signalétique, etc. La culture de l’adaptation systématique n’est pas encore acquise.
Le lien avec les enseignants
En S3AIS, les enseignants spécialisés sont les partenaires indispensables des transcripteurs. Ils peuvent être leurs ambassadeurs à l’extérieur, pour expliquer aux enseignants d’accueil comment gérer les demandes de transcription, quelles attentes sont légitimes ou non, et pour donner des pistes personnalisées d’adaptation en cas de besoin. Dans certains services, cette relation privilégiée se double d’une relation directe entre transcripteurs et enseignants d’accueil, pour plus de souplesse de fonctionnement. Dans les deux cas, le lien enseignant (spécialisé ou non) / transcripteur est primordial pour réaliser les bonnes adaptations pour les élèves.
C’est également par l’intermédiaire des enseignants que les transcripteurs peuvent espérer recevoir quelques retours d’utilisation de leurs adaptations, même si ce n’est pas assez courant, sauf en cas d’erreur avérée !
Compétences spécifiques en informatique et / ou infographie
Ces dernières années, avec l’utilisation de plus en plus fréquente des fichiers sources fournis par les éditeurs, il y a une sorte d’injonction à utiliser les logiciels professionnels de l’édition, qui conduit à recruter majoritairement des infographistes. Mais le travail quotidien d’un transcripteur est d’adapter, et la maitrise totale de ces logiciels d’édition, apprise dans un but totalement opposé, ne garantit pas un résultat pédagogique pertinent… Sans la formation de transcripteur-adaptateur, l’infographie risque d’être un outil plutôt vain.
Il est tout aussi utile de former correctement les transcripteurs, qui maitrisent déjà les arcanes de l’adaptation pédagogique, sur ces logiciels spécifiques, dont les fonctions avancées ne sont pas vraiment nécessaires pour la production de documents basiques, ou pour l’extraction des documents des éditeurs.
Édition et édition adaptée
Édition adaptée
Beaucoup de changements sont à l’œuvre dans le milieu de l’adaptation, avec l’évolution de la loi Handicap, la mutualisation, les avancées technologiques… Les transcripteurs-adaptateurs sont en première ligne car leur travail quotidien doit constamment évoluer pour s’adapter. Mais ils ont le sentiment de ne pas être représentés dans les instances et groupes de travail dont les préconisations ou décisions dictent l’évolution du métier. Les interlocuteurs sont pour la plupart des dirigeants de structures ou des usagers identifiés par la CFPSAA (Confédération Française pour la Promotion Sociale des Aveugles et Amblyopes).
Les transcripteurs ont à la fois besoin d’information et besoin de pouvoir exprimer leurs besoins, leurs idées, et surtout leur réalité et leur expertise de terrain. L’association pourrait à terme, en étant reconnue comme représentative, porter une parole collective auprès de ces groupes de travail, et assurer également la retransmission de l’information auprès de tous les transcripteurs.
Édition
L’expertise des transcripteurs pourrait aussi être utile aux éditeurs, dont les besoins peuvent converger avec les nôtres. S’ils peuvent rendre leurs ouvrages accessibles nativement, grâce à un travail conjoint avec des transcripteurs-adaptateurs, les usagers pourront accéder à certains ouvrages directement. Les centres de transcription pourront alors se concentrer sur les adaptations plus complexes, plus personnalisées et absorber l’augmentation des demandes d’adaptation liée à l’élargissement des bénéficiaires de l’exception aux droits d’auteurs.
Mutations du métier, comment s’y inscrire ?
Nouvelle activité, nouvelles missions
La place du numérique est de plus en plus importante dans le métier de transcripteur-adaptateur. La production d’outils pédagogiques adaptés grâce à des machines à commandes numériques (imprimante 3D, découpeuse laser, cartes de prototypage hardware…), en interne ou dans des fablabs, remplace avantageusement les productions manuelles moins solides et moins faciles à dupliquer. Les fichiers au format epub, daisy ou braille informatique offrent un meilleur confort de lecture pour les élèves déficients visuels et représentent l’avenir de l’adaptation.
Outre le temps de réalisation proprement dit, un temps de formation, de recherche et de veille technologique est nécessaire pour optimiser l’utilisation de ces nouveaux outils numériques. Ce temps représente un investissement, et résulte dans la plupart des établissements d’une réorganisation de l’activité, qui s’impose petit à petit. Les utilisateurs finaux (usagers et enseignants ou rééducateurs) sont très friands de ces nouvelles adaptations, et l’expression de leurs besoins dans ce domaine conforte l’utilisation de ces outils numériques comme une mission importante des transcripteurs-adaptateurs.
Place de l’informatique et de l’infographie
Des personnes formées en infographie ou en informatique (au sens très générique de ces deux mots) peuvent apporter dans les services de transcription une aide précieuse car l’utilisation de logiciels spécifiques, notamment pour exploiter les fichiers-sources des éditeurs, est de plus en plus souvent requise. Toutefois l’adaptation ne repose pas uniquement sur ces compétences, mais surtout sur une analyse pédagogique spécifique. L’informatique et l’infographie sont des outils utiles et même nécessaires pour l’adaptation, mais ne représentent qu’une partie de l’activité des transcripteurs-adaptateurs…
Par ailleurs, l’adaptation pédagogique, qui induit souvent une recomposition simplifiée des documents pour les rendre accessibles, peut s’avérer frustrante pour des infographistes dont les compétences sont freinées. Mais au fil du temps et de leur formation comme transcripteurs-adaptateurs, ils découvrent également une part de créativité importante dans l’adaptation.
Partage des évolutions techniques et de la production
De nombreux établissements développent des projets dans le domaine des nouvelles technologies, mais il n’y a pas assez de communication, et tous ces projets ne sont pas systématiquement diffusés auprès des autres établissements. La mutualisation permettrait un gain de temps certain, en permettant de réutiliser ce que d’autres ont créé, et aiderait ceux qui n’ont pas encore démarré à se lancer !
S’il est compréhensible de ne pas partager gratuitement le résultat de recherches ayant nécessité un gros investissement financier, la production quotidienne des transcripteurs-adaptateurs peut être documentée et mise à disposition facilement via des sites de partage de fichiers numériques.
L’association peut consacrer des dossiers thématiques à ces nouvelles technologies pour faire un état des lieux de leur utilisation dans les services de transcription. Elle peut fournir des ressources, comme un agenda recensant colloques, manifestations et formations, et éventuellement des liens vers des sites de partage, etc.